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The Secret Apparatus

French mention of Farahat’s Book: Iran : « Femme, vie, liberté ! »

French mention of Farahat’s Book: Iran : « Femme, vie, liberté ! »
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Et la réponse fusa dans presque toutes les provinces d’Iran, de Téhéran à l’Alborz, du Kurdistan au Baloutchistan, du Mazandéran au Golestan, dans la capitale comme dans des dizaines de villes petites et grandes, de Saqqez à Karaj, de Racht à Yazd, de Qods à d’Isfahan, de Hashtgerd à Ghazvin, de Marivan à Boukan, de Ghaleh Assan à Zahedan et à Mamassani, etc. y compris dans des villes « saintes » comme Machhad, d’où est originaire l’actuel président Ebrahim Raïssi.

Bravant la loi de 1983 obligeant les femmes à porter le voile, étudiantes, lycéennes, écolières, et citoyennes, sur l’ensemble du territoire, sortent dans la rue, crient des slogans – surtout « Femme, vie, liberté ! » – enlèvent démonstrativement foulard et tchador, voire les brûlent, et affrontent à mains nues les forces de la répression qui ont reçu l’ordre de tirer à balles réelles et qui, sans état d’âme, s’exécutent.

Ces héroïnes s’appellent Hadis Najafi, 22 ans, Sarina Esmailzadeh, 16 ans, Nika Shakarami, 17 ans, et bien d’autres dont les noms nous parviendront, parmi déjà plus d’une centaine de femmes et d’hommes assassinés par balles ou matraqués à mort…

Une telle révolte ne s’est jamais vue dans un pays d’islam.

En Algérie, dans les années 90, les femmes furent aussi à la tête de la résistance anti-islamiste. Pour avoir refusé pareillementde porter le hijab, la lycéenne de 17 ansKatia Bengana, fut assassinée par les islamistes en 1993 tout à fait au début de la guerre civile, et elle devint un symbole de la lutte des femmes algériennes. Mais quand les islamistes furent vaincus militairement, paradoxalement, le hijab se généralisa à la quasi-totalité des femmes, et ce jusqu’à aujourd’hui, preuve du deal passé entre eux et l’armée, preuve aussi que la bête régnait et règne toujours dans la profondeur de la société.

Et même si pour l’instant ce tsunami féminin iranien n’a pas de plate-forme ni d’encadrement politiques, son existence même – qui aujourd’hui, demain ou après-demain pourrait se généraliser à d’autres pays d’islam – ne postule-t-il pas, à terme, la fin de l’instrumentalisation de l’islam par les pouvoir politiques, et une révolution à venir séparant l’État de la religion d’État, qui mettrait fin en même temps au mouvement politico-armé islamique dans l’ensemble du monde arabe et à l’autoritarisme d’État ?

Car, il ne fait aucun doute que ceux qui propagèrent la peste périront par cette peste qui pour eux se nomme Femme, vie, liberté !

On pouvait donc bien s’imaginer que cette nouvelle donne d’une ampleur et signification universelles n’allait pas affoler que les islamistes de par le monde.

Mais tous ceux qui dans cet « Occident » se réclament des valeurs de la démocratie et de la liberté, et n’ont jamais voulu comprendre que le système islamique fondé sur la charia est le pire de tous les totalitarismes, car il ne prétend pas seulement imposer son idéologie, mais d’abord régir la vie la plus intime de chaque homme et plus encore de chaque femme, la pendaison publique pour les récalcitrants.

Aussi ces gens-là, politiques, journalistes et intellectuels (tel Michel Foucault), ne combattirent-ils ni le régime sanguinaire de Khomeini et de ses émules, ni les islamistes tout aussi sanguinaires du FIS-GIA en Algérie.

À commencer par les États-Unis qui n’ont jamais exigé le retrait de la condamnation à mort de Salman Rushdie en 1989, obligé de se cacher depuis près de trois décennies, alors que la récente tentative d’assassinat a prouvé que la sentence des mollahs n’avait jamais été annulée.

Ces États-Unis du clan Biden-Obama qui contrairement à Trump, font tout ce qu’ils peuvent pour renouer avec un Iran nucléaire, et alors même que ce dernier n’a jamais caché sa volonté de faire disparaître Israël.

Ces États-Unis-là qui ont commencé à soutenir les djihadistes d’Afghanistan (contre l’URSS), puis, dans les années 90 les islamistes algériens, allant jusqu’à offrir l’asile au chef du GIA Anouar Haddam qui, de Rome, avait revendiqué l’assassinat en 1993 de deux grands intellectuels, l’écrivain Tahar Djaout et le psychiatre Mahfoud Boucebci, en tête d’une impressionnante liste de plusieurs centaines d’intellectuels, d’artistes et de scientifiques qui allaient être assassinés dans les mois qui suivirent.

Et enfin en 2011, Obama qui soutenant ouvertement les Frères musulmans voulut faire en Égypte, le même type de « révolution orange » que la CIA réussira à Kiev par un double coup d’État en 2004 puis en 2014.

Mais contrairement à ce que voudrait nous faire croire Valérie Toranian dans le dernier numéro de La Revue des deux mondes qu’elle dirige, le soutien européen à l’islamisme ne vient pas que des « islamo-gauchistes ». Mais bien de sa représentation la plus élevée, « l’Union européenne » herself !

Il faut absolument écouter le courageux historien Pierre Vermeren :

« L’Europe fait preuve de bêtise face au lobbying des Frères musulmans. »(Facebook)

Comment fermer les yeux face à sa stratégie immigrationniste qui fait désormais de l’Europe des Lumières une grande terre islamique et islamiste1 où se conjuguent assassinats, terreur, antiféminisme, antichristianisme et antisémitisme, recul de la laïcité, refus de s’intégrer et tentative de subvertir les cultures indigènes des pays d’accueil, etc.

Cette affiche n’a-t-elle pas été éditée par le Parlement européen ?

La gauche et les verts ne viennent-ils pas d’empêcher que soit voté un amendement qui prévoyait d’interdire le financement de la promotion du hijab, proposé par l’eurodéputé du PPE François-Xavier Bellamy ?

Je ne sache pas que le Président français du « Conseil de l’Union européenne », E. Macron, ait jamais protesté contre le fait que l’Union européenne fasse du hijab l’un de ses marqueurs politiques. Ni son prédécesseur ni son successeur. Ne parlons même pas de l’allemande Von der Leyen si prolixe sur le front ukrainien comme si elle était la Présidente de l’Europe, et si muette devant la répression en Iran. Bien au contraire, il y a peu, afin de promouvoir le Prix européen de l’enseignement innovant, la Commission européenne a récemment illustré l’une de ses affiches avec un enfant portant le hijab !

Et alors que les femmes iraniennes veulent se débarrasser du voile, le Conseil de l’Europe vient de publier un document « sur la prévention et la lutte contre le racisme et la discrimination envers les musulmans » qui vise surtout à favoriser le développement de l’islam et du « voile islamique » et du « burkini » en Europe, sans tenir compte du fait que ce sont les Frères musulmans qui aujourd’hui dans tous les pays d’Europe poussent dans ce sens et tirent les ficelles des mouvements associatifs cache-sexe, et ce alors que dans les pays arabes, à l’exception du Qatar, ils y sont interdits.

Justement vient à point le livre de l’Égyptienne Cynthia Farahat « L’appareil secret : l’industrie de mort des Frères musulmans (FM) »2. Avant de conclure que les Frères musulmans, fondés le 22 mars 1928, sont « l’incubateur mondial du terrorisme islamique moderne » et « la secte militante la plus dangereuse au monde », elle nous apprend notamment que malgré le conflit sunnites/Chiites, l’ayatollah Khomeini rendit visite au chef des FM Hassan al-Banna, au Caire en 1938, alors que ce dernier faisait allégeance à Hitler et au nazisme.

On y apprend aussi qu’au milieu des années 1960, Ali Khamenei traduisit (de prison) deux livres phares des FM, écrits par leur théoricien Sayyid Qutb, qui plus tard, sous son règne, seront inclus dans le programme des écoles du Corps des gardiens de la révolution islamique. Retour de l’ascenseur, les dirigeants FM incluront Khomeiny parmi leurs plus importants penseurs aux côtés de Hassan al-Banna, Sayyid Qutb et du pakistanais Abul A’la Maududi.

Europe, terre de compromission

Mais revenons à cette autre terre de compromission, l’Europe.

La révolte des femmes iraniennes, que rejoignent de plus en plus d’hommes, frappe également de plein fouet le narratif de tous les médias mainstream.

Hier, les Jacques de Barrin au Monde, Josée Garçon à Libération, René Backman au Nouvel Observateur, soutenaient les islamistes algériens, Catherine Gentile à TF1 allant même jusqu’à interviewer les chefs islamistes, à Alger, un foulard sur la tête !

Et aujourd’hui, après avoir soutenu du bout des lèvres ces femmes, mais un tantinet gênés aux entournures, ils font comme si l’enjeu pour ces femmes n’était pas ce foulard et ce tchador qu’elles brûlent comme un défi à l’ordre islamique, sachant que cela peut leur valoir la mort.

Ou alors on essaie de noyer le poisson : les femmes iraniennes se battraient contre… l’inflation, la pauvreté, voire la discrimination ethnique !

Ou alors, plus directement on préfère s’en prendre… « aux conservateurs islamophobes », c’est-à-dire à tous ceux qui n’entendent pas se soumettre à la dhimmitude d’une Europe qui deviendrait terre de charia et de djihad…

Ainsi Libération se lance dans une exégèse du slogan principal « Femme, vie, liberté » mais ne dit rien… du foulard !

Remportant la Palme de la stupidité, Slate :

« Si ces gestes ont été largement interprétés en Occident comme une critique de la religion musulmane, il s’agit avant tout d’une protestation d’ordre politique, dirigée contre le régime……En France, le hijab des femmes iraniennes est ainsi devenu tantôt un alibi pour brandir le spectre de la menace islamiste qui pèserait sur les sociétés occidentales, antienne désormais indémodable du débat politique français, tantôt un prétexte pour minorer voire nier la réalité des violences patriarcales qui ont lieu dans l’Hexagone… De la situation iranienne, l’Occident ne semble pourtant avoir retenu que l’image du voile, empesé d’une charge symbolique décidément infinie… pour y ajouter une lecture très ethnocentrée… Si la question du fait religieux peut se poser dans ce contexte, c’est dans le sens des discriminations ethniques et religieuses qui perdurent en Iran, notamment à l’égard de la communauté kurde sunnite, minorité dont faisait partie Mahsa Amini, dite Zhina, de son prénom kurde.» (Slate) !!!

Même antienne avec les pétitionnaires emmenés par Alain Badiou et Étienne Balibar. En 2011 durant le « printemps arabe » cairote, le premier voyait sur la Place Tahrir du « du communisme en mouvement », alors qu’une journaliste française s’y faisait violer. Et aujourd’hui, l’inénarrable tandem (anti-israélien), toujours aussi sentencieux, nous met en garde :

« Tous les slogans qui sont lancés visent les fondements même du système, et si l’on imagine que la demande du peuple est de « retirer le hijab obligatoire », on se trompe. »(Libération).

Face à tous ces hypocrites bien-pensants, ex-maoïstes et polpotistes, qui en Europe et ailleurs croient pouvoir s’en tirer à bon compte par des gestes « symboliques », alors qu’en Iran les jeunes femmes d’Iran meurent pour leur dignité et celle de toutes les femmes, je ne saurais que m’adjoindre au cri de la journaliste iranienne Masih Alinejad (Twitter) :

« Nous, les femmes d’Iran, n’avons pas besoin que les Occidentaux se coupent les cheveux. Nous voulons que les politiciens occidentaux coupent leurs liens avec la République islamique ! »

Que l’on me permette de finir avec les visages si beaux des jeunes filles martyres,… et de l’admirable Gandom, cette jeune iranienne qui a repris Bella Ciao en persan, chanson devenue par sa très belle voix si juste et si pleine d’émotion, un des hymnes de la résistance en cours du peuple iranien auquel je souhaite que ses forces politiques de l’opposition s’unifient vite pour mettre fin à l’une des pires dictatures dans ce beau pays riche d’une très vieille civilisation dont témoignent les œuvres de ses artistes et de ses cinéastes : Bella Ciao

Jean-Pierre Lledo, MABATIM.INFO
Cinéaste et essayiste


1 En arabe ou en persan, il n’y a qu’un seul mot alors que les Européens préfèrent distinguer le méchant « islamiste » du bon « islamique »…

2 En anglais : « The Secret Apparatus : The Muslim Brotherhood’s Industry of Death », (New York : Bombardier Books, 2022)